8 trucs pour la photo d’alpinisme (et de montagne)

« 2011, Neiges et Glaces du Monde » est un projet de Marion Jonchères, alpiniste, sportive, aventurière de l’extrême. Pendant une année, cette frêle jeune femme va affronter le froid et l’altitude dans des courses à la conquête de sommets glacés partout dans le monde, sur tous les continents.

Mais Marion est aussi photographe ; c’est pourquoi nous lui avons demandé de venir nous donner ses conseils pour la photographie en (haute) montagne. Ils seront aussi applicables en dessous de 6000m, bien sûr.

Vous pouvez suivre son aventure sur son blog ice-altitude.com.

Quand Yves m’interroge sur les particularités de la photographie de montagne, je lui demande : quelle photographie de montagne ? Celle de l’admirateur qui utilise son appareil depuis la terrasse d’un café qui fait face aux cimes ? Mmh… Ou celle d’une pratiquante assidue, pour qui l’appareil fait partie intégrante du matériel d’alpinisme ? Avec, évidemment, quelques contraintes… Voici quelques enseignements que je tire de ma modeste expérience d’amateur.

    • Privilégier un boîtier aussi compact et léger que possibleN’oubliez pas qu’il faut porter le matériel et que celui-ci ne doit pas gêner la progression. Le matériel est rangé dans le sac ou porté sur soi, dans la veste ou en bandoulière. Appareils délicats, s’abstenir !
      Pour ceux qui partent en trekking ou en expédition, pensez aux batteries de rechange ou chargeurs solaires. Les plus prévoyants prendront plusieurs cartes de mémoire, histoire de ne pas perdre tous les clichés en cas de chute malencontreuse de l’appareil en crevasse ou dans une rivière…
    • Utiliser un filtre UVLa densité en ultra-violets (UV) augmentera avec l’altitude. La neige a un effet éblouissant. Le filtre UV (Skylight 1A ou 1B) aide à modérer ces effets. De plus, il protégera l’objectif si, comme moi et pour gagner en rapidité, vous ne remettez pas le capuchon à chaque photo.
    • Privilégier le grand angle et laisser le téléobjectif à la maisonLe grand angle (jusqu’à 18 mm) permet de prendre du recul par rapport à des montagnes parfois imposantes et capture mieux l’impression que vous retirez devant une chaîne ou dans un cirque… On aimerait parfois avoir recours au panoramique !

      Pour les images de votre compagnon de cordée en pleine action, oubliez le téléobjectif sauf si vous voulez vérifier qu’il a fixé ses crampons ou son casque correctement. On appréciera toutefois une focale légèrement grossissante (135 mm) qui permet de centrer une photo sur le personnage tout en gardant une certaine profondeur d’image.

      Si vous voulez suivre la progression de camarades sur une montagne ou repérer un itinéraire, prenez plutôt des jumelles ; c’est moins lourd et plus efficace qu’un téléobjectif.

    • De la difficulté de capturer l’inclinaison réelle d’une paroi rocheuse ou d’une pente de neige / de glaceLa paroi est verticale et la pente de neige inclinée à plus de soixante degrés, et pourtant votre leader, au-dessus de vous, semble marcher à quatre pattes ? C’est la principale difficulté d’une image de la progression de la cordée. Il faut essayer de photographier un personnage sensiblement à la même hauteur que vous (en veillant à prendre son meilleur profil !), le ciel ou d’autres montagnes en fond faisant ressortir la position du personnage et l’inclinaison de ce à quoi il s’attaque. Des photos en contre-plongée peuvent être réussies sous réserve de garder une ligne de fuite (une langue de glacier, une moraine…).

Photo Marion Jonchères

  • Oubliez les contre-joursSauf à vouloir figurer différents plans de chaînes se succédant à l’horizon, la montagne y est particulièrement moche, écrasée par la lumière, la roche devenant noire, sans aucun des contrastes que l’on obtient avec un éclairage favorable.
  • Quelle est la plus belle lumière ?Question très personnelle… Si les couchers de soleil peuvent donner de magnifiques couleurs, notamment dans les teintes rosées, les couleurs du lever sont pour moi les plus belles. L’orange du matin sera plus chaud que celui du soir et l’atmosphère plus claire. On notera aussi avec intérêt les lumières pastels particulières d’un après-midi d’hiver, telles l’abricot ou la pêche : un régal (au figuré) !
  • Pour en mettre plein la vue à vos amisVous venez de gravir un couloir de neige d’inclinaison somme toute encore modeste ? Alors redescendez vite et photographiez le couloir / la montagne de face en vous en éloignant assez sensiblement : vos amis croiront que la face est verticale !
  • Malgré tout votre talent et quelle que soit la qualité du matériel… préparez-vous à être frustrés !S’arrêter pour sortir l’appareil du sac ou de la veste est un geste qui va vite vous peser quand vous devez également vous concentrer sur une progression. Combien de fois ai-je eu l’impression d’avoir pris une centaine de photos pour n’en trouver la course finie qu’une trentaine dans l’appareil dont trop peu figurant des passages spectaculaires ou ayant particulièrement marqué l’attention… Il est difficile à la fois de grimper, admirer et photographier ! Choisissez avec soin votre partenaire de cordée : outre sa compétence en alpinisme, il doit idéalement être patient pour s’arrêter quand vous le souhaiterez et que les conditions de la montagne le permettront en sécurité (pas sous un sérac ou au milieu d’un pont de neige…)

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